Accord imminent Bidault-Bevin sur le charbon

Marshall solliciterait un nouvel entretien avec Staline

4/1947

(De notre envoyé spécial à Moscou, Georges Le Brun Keris)

Les Quatre parviendront-ils à établir définitivement le traité autrichien avant de se séparer ? Telle est la dernière question qu'on se pose à Moscou. Visiblement, cet accord répondrait au désir de l'URSS. Celle-ci voudrait que la Conférence tenue dans sa capitale ait, au moins, à son actif un succès tangible. M. Molotov ne l'a pas caché.

De fait, ce traité se discute dans la sérénité. On abat article sur article. Les Alliés ne sont en présence que de trois grandes difficultés : 1° les personnes déplacées ; 2° la revendication yougoslave sur la Carinthie Méridionale ; 3° les biens allemands en Autriche.

Les personnes déplacées sont venues à l'ordre du jour cet après-midi. Et les Quatre ont buté sur cette difficulté. La délégation soviétique demandait l'évacuation par l'Autriche dans les six mois de ses réfugiés de toute espèce. La Grande-Bretagne, la France et les États-Unis soutenaient, au contraire, et Georges Bidault s'était fait l'interprète de ce point de vue, que la proposition soviétique était en contradiction avec les décisions de l'ONU. Finalement la question a été laissée sans solution. Cette affaire a été l'épisode principal d'une fastidieuse réunion consacrée, en outre, aux clauses militaires du traité. Retenons seulement que les Alliés se sont entendus pour limiter à 53 000 hommes l'armée de l'Autriche et à 90 appareils son aviation.

Le sort de la Carinthie méridionale a été longuement évoquée lors d'une réunion matinale où les Quatre ont entendu le délégué yougoslave. Celui-ci a demandé en outre un statut autonome pour les 70 000 Croates du Burgenland et 150 millions de dollars de réparation. L'opinion la plus générale est que la Yougoslavie obtiendra satisfaction pour le statut du Burgenland.